• Jean-Baptiste Belley

     

     

    Jean-Baptiste Belley, figure méconnue de la Révolution Française et un héros oublié de la République, a été le premier député afro-descendant de l'histoire de France. Un homme qui a mené une vie à l'image de son époque, vertigineuse.

    « Jean-Baptiste Belley était un homme de trois révolutions : américaine, française et haïtienne ».

    -  Américaine, car il combat avec les forces révolutionnaires états-uniennes, en participant notamment au siège de Savannah, en Géorgie, où son nom est d’ailleurs gravé sur un monument.
    -  Française, car, élu député, il siège à la Convention, puis au Conseil des Cinq-Cents. -
    -  Haïtienne enfin, car, esclave affranchi, il participe à l’abolition de l’esclavage sur l’île.

    Sa vie est un combat perpétuel pour l’émancipation. Il serait né sur l’île de Gorée, au large du Sénégal, puis vendu à l’âge de deux ans avec sa mère à un esclavagiste en partance pour être déporté à Saint-Domingue et y vit en tant qu’esclave jusqu’à ce qu’il puisse racheter sa liberté grâce à son métier de perruquier.

    Devenu « libre par (son) industrie » comme il l’explique devant la Convention, il est ensuite perruquier, avant de s’engager dans l’armée.
    «  Belley est un personnage qui a toutes les vertus du républicain. Il est courageux, c’est un soldat de la démocratie, un produit de la méritocratie ».

    En 1777, il s’engage dans les troupes françaises qui sont alliées aux révolutionnaires américains et obtient son affranchissement.
    Il fut un militaire aguerri et un ardent défenseur de l’abolition de l’esclavage, qu'il avait lui-même connu dans sa chair.

    En 1779, celui qu’on surnomme Timbazé participe avec 800 autres Afro-descendants de Saint-Domingue à la guerre d’Indépendance aux côtés des Américains et s’illustre notamment à la bataille de Savannah (en Georgie). Il y gagne un nouveau surnom : Mars (en référence au Dieu romain de la guerre).
    Rentré à Saint Domingue en tant que capitaine d’infanterie, l’abolition de l’esclavage sur son île est proclamée le 29 Août 1793, dans un contexte tendu. Après de nombreuses révoltes, la Convention proclame l’accès aux droits civiques pour les hommes libres de couleur de Saint-Domingue. Pour faire appliquer la mesure, deux commissaires républicains sont envoyés sur l’île. Ces derniers iront plus loin, en proclamant l’abolition complète. Cet événement permet à Jean-Baptiste Belley d’être élu député de Saint-Domingue à la Convention aux côtés du Métis Mills et de l'Européen Dufaÿ.
    Problème : il doit se rendre à Paris pour faire reconnaître son mandat. Il débarque à la capitale.

    À Philadelphie, escale nécessaire à l’époque pour se rendre en Métropole, un esclavagiste lui demande de quel droit se permet-il de commander des Blancs.
    « Et pourquoi pas ? Quand on sait sauver des Blancs et les défendre, on peut bien les commander », lui rétorque alors Belley . Cette anecdote témoigne du courage du député, qui hérite du surnom Mars, en référence au dieu de la guerre romain.

    Jean-Baptiste Belley participe ensuite aux combats du Cap Français en Juin 1793 du côté des commissaires civils contre les colons blancs.

    Il participe alors au vote qui va conduire à l’abolition de l’esclavage le 4 Février 1794. Il se bat ensuite ardemment pour faire appliquer le principe d’égalité républicaine entre les hommes des colonies et de la métropole.

    Arrivé en Métropole en Janvier 1794, il fait face au racisme des esclavagistes, qui multiplient les pressions et dénonciations calomnieuses auprès du Comité de sûreté générale. Emprisonné, il n’est libéré que le 3 Février et son mandat officiellement reconnu le lendemain.
    Il participe alors au vote qui va conduire à l’abolition de l’esclavage le 4 Février 1794. Il se bat ensuite ardemment pour faire appliquer le principe d’égalité républicaine entre les hommes des colonies et de la métropole.
    C’est d’ailleurs lors de ce même 4 Février 1794 que Louis-Pierre Dufay, député comme Belley de Saint-Domingue, prononce devant la Convention un discours exposant la réalité de l’esclavage. Est alors adopté un décret abolissant la pratique dans toutes les colonies, cinq mois après Saint-Domingue.

    Mais cette loyauté sans faille à la France amènera également Belley à sa perte.
    En 1801, il est nommé chef de la légion de gendarmerie à Saint-Domingue.

    En 1802, il participe à une expédition lancée par le nouveau consul Bonaparte, contre les velléités indépendantistes de Toussaint Louverture, aussi esclave affranchi mais défenseur de l’indépendance de ce qui deviendra deux ans plus tard Haïti.
    Mais, « Bonaparte n’accepte pas qu’un Noir ait un grade supérieur à celui de commandant. Il le rétrograde ». Plus grave, Napoléon rétablit l’esclavage en Mai 1802, balayant alors l’héritage de la Révolution.
    À ce titre, il commence par apporter son concours à l'expédition de Leclerc que Bonaparte a envoyé à Saint Domingue pour rétablir l’autorité de la République, mais dont le but est en fait de rétablir l'ordre ancien au bénéfice des colons. Belley est alors trahi : le 18 Avril 1802, il est destitué, arrêté et déporté jusqu'à Belle-Île-en-Mer sur ordre de Bonaparte.
    Après trois années de détention, placé en résidence surveillée, il meurt de la tuberculose le 6 Août 1805 dans la forteresse de Belle-Ile en mer.

    Il existe un portrait particulièrement connu de Belley : une peinture réalisée en 1797 par l’artiste Anne-Louis Girodet. Le peintre y figure un député, représentant majestueux de la nation française (couleurs bleu/blanc/rouge) et symbole de l’émancipation des esclaves, à côté d'un buste de l'Abbé Raynal, célèbre abolitionniste du Siècle des Lumières, décédé l'année précédente.
    Ce tableau, qui est exposé au château de Versailles, a fait l'œuvre d'une réinterprétation contemporaine par l'artiste Omar Victor Diop.

     

     


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